La vie n'est pas toujours facile. La vie n'est pas qu'un jeu. Pourtant, la prendre avec le sourire et la bonne humeur peut réduire nos petits problèmes, nous faire comprendre qu'il y a pire que nous et que demain sera certainement meilleur. Au cours de mes vingt-cinq années d'existence, on ne peut dire que j'ai vécu de grands drames. Pourtant, quand les gens entendent mon histoire - ou plutôt un morceau de mon histoire, celui de l'année de mes dix-neuf ans - ils ne peuvent s'empêcher de s'apitoyer sur mon sort, de me dire qu'ils sont navrés.
- Ce que tu as pu souffrir, mon pauvre enfant !
Je vous l'ai dit, précédemment. Il y a toujours pire que nous, et nous vivrons toujours mieux. Non, je n'ai pas souffert. Regardez-moi sourire, regardez-moi rire, et vous comprendrez. Être optimiste, voilà la clef de la réussite. Un verre de whisky peut également y contribuer, mais ça, il ne faut pas le répéter.


La naissance est le début de tout - et la fin également, si on y pense bien. Je pourrais terminer avec une phrase simple: je suis né, je vis, je mourrai. Mais ce n'est sûrement pas ce que vous désirez entendre, non? Je n'aime pas étendre ma vie aux autres. Il faut dire qu'elle n'a rien de bien passionnant... Tout cela pour dire que oui, je suis né. Le dix mai était une douce journée de printemps. Les oiseaux gazouillaient et se poursuivaient, les bourgeons éclataient, la vie reprenait. Et, dans une chambre d'hôpital de la ville de Pheonix, en Amérique, le ventre d'une femme éclatait. Un mélange de sueur, de pleurs, de cris, d'efforts et d'espoirs flottait dans l'air alors que je me présentais, la tête vers le haut.
- Il se présente par le bassin. Trop tard, nous devrons faire une césarienne.
En plus de ne pas me présenter du bon côté, j'étais prématuré. Ma mère m'a toujours dit, de son vivant, que j'avais toujours été impatient, même dans son ventre.
- Tu me donnais perpétuellement des coups de pieds, mon chou. Tu n'en pouvais plus d'attendre...
C'est étrange, de se faire qualifier d'impatient, quand on sait qu'aujourd'hui, la patience est l'une de mes principales qualités. Bref, passons.
Je suis né, je vis, je mourrai. J'ai dû apprendre, également. La vie est un éternel apprentissage, non? Lorsque j'étais bébé, j'ai dû apprendre à parler et à marcher. J'en étais ravi, ne vous méprenez pas. On retrouve chez moi plusieurs photos de ce bambin gazouillant que j'étais, qui courait partout à la recherche d'une bêtise à accomplir.
J'ai également appris à vivre en société -il le faut bien. Mon père n'était pas souvent là, mais ma mère comblait ce vide. Elle m'entourait d'une bulle protectrice d'amour, et je dois dire que cela me manque un peu. Aujourd'hui, maintenant qu'elle n'est plus là, il m'a fallu trouver quelque chose pour la remplacer. Vous pouvez deviner ce que c'est...
La jeunesse est un terrain immense dont nous ne voyons pas les clôtures. J'ai vécu librement jusqu'à mes 5 ans dans cet univers magique et rose bonbon, oui.

- Maman pourquoi, tu es à l'hôpital ?
- Chéri, tu vas avoir une petite soeur
- quoi ? un petite soeur. Maman, je te promet d'y faire attention

Nous grandissons petit à petit, sans obligatoirement nous en rendre compte. Nous fessons des promesses, nous les tenons, nous n'en respectons pas certaines. Nous les oublions, mais jamais pour les êtres pour qui nous comptons beaucoup. Je ne mettais pas rendu compte que j'avais grandis. Que je devenais un homme. Mes rêves changeaient, la vie également. Ce fut bien dommage...

Mes premières années en pensionnat fut calme, exemplaire. Je vivais en parfaite harmonie avec ma mère, j'avais trouvé un meilleur ami digne des meilleurs films américains, je sympathisais avec la plus jolie, la plus intelligente, la plus drôle, bref, la plus parfaite de toutes les filles de l'île et j'arrivais presque à oublier que mon père ne rentrait quasiment jamais à la maison le soir. J'avais treize ans, j'étais heureux. C'est également cette année-là que je me suis découvert une passion pour les lois, mais également la batterie. Frapper mon instrument me permettait de me libérer d'une agressivité contenue et me faisait monter au septième ciel. Jouer de la batterie devenait pour moi une addiction. Une dépendance presque aussi forte que celle que j'avais pour ma Lewis, ce poison qui ne cessait de me rendre plus accro, plus fou. J'eus quatorze ans, j'eus quinze ans. Owen accumulait les conquêtes alors que je n'en avait qu'une. Lewis, toujours elle, seulement elle. Je ne voulais toujours pas lui montrait, qu'elle était la fille qu'il me fallait. Je lui rendait toujours la vie impossible... Elle devenait de plus en plus belle, chaque jours. Lorsque j'ai eu quinze ans, nous sommes devenus un véritable «couple», le petit duo parfait et envié de l'école. Je me suis découvert des traits de romantisme que je ne me connaissais pas avant, j'ai appris ce que signifiait le mot «fidélité», j'ai pris confiance en moi. Je ne voyais plus aucune limite et je m'imaginais même batteur pour un groupe célèbre, plus tard, avec un appartement en ville et une maison en campagne où Lewis et moi pourrions élever nos enfants. Tout ça, c'était avant le 18 avril.
J'attendais Owen - mon meilleur ami - au cinéma depuis près d'une heure. Habituellement, il arrivait pile à l'heure, mais pas ce soir-là. Passant de la colère à l'anxiété, je suis rentré chez moi, où un message sur le répondeur m'annonçait que mon meilleur ami que j'idôlais tant s'était suicidé. Une balle dans la tête. Tout s'est passé trop vite. Les mots dégringolaient dans mon cerveau, les idées s'accumulaient, je ne savais plus quoi faire. J'ai tenté de rejoindre Lewis. Impossible. Elle ne répondait pas. Ma mère. Partie prendre un verre, chose qui lui arrivait trop souvent ces temps-ci. Il n'y avait plus personne, j'étais seul. Trop seul.
Le lendemain, à l'école, je me suis précipité vers le casier de Lewis. Elle ne s'y trouvait pas. Roy - un ami de Luke - m'a dit d'arrêter de paniquer, mais il ne pouvait pas comprendre. C'était trop lourd, sur mes épaules, toute cette incompréhension qui m'attaquait.
Une semaine plus tard, j'allais mieux, et Lewis s'est finalement pointée à l'école. Elle était bizarre, elle avait des cernes mauves sous les yeux et des marques rouges sur le cou. Et des bleus sur les bras, aussi. Plaisantant, je lui ai demandé si elle s'était transformée en vampire. Elle l'a très mal pris, évidemment. Après m'avoir lancé un regard haineux, elle s'est éloignée. Trop loin. N'est pas revenue.
Il m'a fallu deux mois pour reprendre courage et revenir vers elle. Essayer de tout arranger, que tout redevienne comme avant. Mauvaise idée, bien entendu. J'ai tenté de la raisonner, mais rien à faire. Elle ne voulait plus de moi, elle désirait que je la laisse tranquille. D'accord, si c'est ce que tu désires, ma jolie, je partirai.
Mais je ne suis pas parti, évidemment. Elle comptait trop pour moi. Je suis resté, me faisant plus discret, mais toujours présent. Si au départ, ma détermination l'irritait, elle a fini par s'y faire. Et par me laisser entrer à nouveau dans sa vie. Ainsi, à nos seize ans, j'étais devenu son confident, celui à qui elle pouvait tout dire. Elle ne savait plus si elle m'aimait ou non, tout ce qu'elle désirait, c'était une épaule pour pleurer, des mots pour la réconforter. C'était comme si sa vie n'était plus que tourmente, une tempête continuelle. Je n'étais pas sûr d'avoir la force de l'aider sans l'aimer, mais avais-je réellement le choix? Non.

Le début de la fin était survenu le jour de mes vingt-quatre ans. Comment l'expliquer, je ne serais pas par où commencer. Lewis, un beau jour, cessa de m'adressais la parole. Elle avait même quittée la ville depuis belles lurettes. Nous étions devenus des étranges, des causes de plus en plus étranges se passaient sur Terre. Je voyais disparaitre petit à petit tous mes amis. Quand j'allais dans mon camp militaire, certains soldats étaient devenus différents. Comme s'ils avaient changé de personnalités. C'était il y a un an tous juste, j'étais de garde. Léo venait de prendre le quart suivant, j'étais partis en salle d'entrainement. Au lieu d'effectuer une pause bien mérité, je m'entraînais deux fois plus, je voulais être le meilleur. Depuis que j'avais perdu ma mère, je m'étais refermée sur moi-même. Carry - ma soeur - ne me donner plus de nouvelle. Je savais qu'elle était revenue à Phéonix. Je l'avais croisé en ville, mais elle était devenue complètement différente. Carry aurait du pourtant me reconnaitre, elle aurait dû me dire bonjour. Elle aurait dû faire tant de choses. Revenir quand maman était morte, quand papa avait décidé de quitter la maison car nous n'étions que des bons-à-rien. J'aurais dû l'appeler, j'aurais dû la protéger jusqu'à ma mort, mais comment la retrouvée quand on ne laisse même pas une adresse, ni un numéro. Elle était partie comme maman, comme Lewis, comme papa, comme Owen. Je perdais tour à tour les êtres que j'aimais le plus au monde.
- Il y en a un autre là-bas
- Tu es bien-sûr Chedam
- Bien-sût, il est vigoureux, courageux, solide. Un bon corps pour l'âme Le Traqueur.
J'entendais ses voix. Pourquoi parlaient-ils d'âmes, de corps. Qui était cet homme vigoureux, courageux, solide. De qui pouvaient-ils parler? J'entendais leurs pas qui s'approchaient petit à petit vers moi. Mon instinct me dit alors que j'étais en danger. Je ne connaissais pas la nature de mes agresseurs, mais il ne fallait pas que je reste ici. Première fois, que je battais en retrait. Des images me revins alors, le regard de Lewis, quand elle était revenue. Un regard vide, le même que celui de Carry, de mon père. Ils avaient tous se même regard vide, sans vie. Que je ne leur connaissait pas...
- Il s'enfuit...
Je m'enfuyais, je quittais cette base où je n'étais plus en sécurité. Le seul moyen pour brouillé mes pistes étaient de ne prendre aucun effets personnels, de partir rapidement, à pied. Je n'avais pas le luxe de prendre un véhicule militaire. J'excellais dans ce domaine, passer inaperçu aux yeux de tous. J'avais bien réussi à être invisible pendant une filature en Iran, durant une mission au Soudan, pendant une infiltration dans une basse Russe etc... J'avais quitté Phénix depuis quelques jours - il me semblait que cela fessait bien un mois et demi que j'errais dans le désert. Je ne savais même pas s'ils me suivaient encore.

- Vous allez mieux ?
Je me réveillais petit à petit, j'avais une atroce douleur au crane. Je portai ma main à la tête, une seconde douleur au bras, moins importante, mais elle était présente quand même. Cette voix! Je ne la connaissais pas. Je n'avais pas vu d'humain depuis ma cavale. J'étais devenu un déserteur au nom de la société, aux yeux des humains - y en avait-il encore ici - qui était elle.
- Allez-vous mieux ? Josef, allez-vous bien?
Comment connaissait-elle mon prénom ? Qui était-elle ? Une femme certes, une très jolie femme. Était-elle normale ou n'était ce qu'un de ses âmes ? Je la fixais, j'étais pacifiste à ses mouvements, elle me fit comprendre rapidement qu'elle ne me voulait aucun mal. Je voyais les bandages qu'elle m'avais fait. Donc pendant ses nombreuses heures de sommeil infernal, c'était elle que je voyais ? Surement. Après plusieurs heures à l'observer, je lui posa en fin.
- Qui es-tu ? Qu'est que tu es réellement ?
- Je suis Reagan, je suis une âme. Cela tu le savais déjà...
- Mais ... Aie...
Je n'ajoutai plus un mot. Au fil du temps, j'appris à la connaitre. Je lui racontai ma vie chaotique, ce que j'avais vécu, ma fuite, mon arrivée ici, mon accident... Elle était émerveillée par mon monde, par ma vie. Puis un soir, poussait par mon instinct et surement le sien aussi. Il y eu un baiser. Ma réaction fut absurde, je fuis une nouvelle fois. Ce n'était pas que je l'aimais pas. Mais je ne pouvais pas vivre une idée pendant que mon monde était en danger. Que mon espèce était en voie d'extinction - dans un sens. Je devais me battre et un jour, je reviendrais... Actuellement, je veux la voir. J'ai comme un manque depuis que je suis parti. Je la veux près de moi, même si elle est différente de nous.
Vivre pour la liberté, vivre pour survivre, vivre pour me battre, vivre pour eux, pour elle. Voila quel était mon courage. Ma force ...